1990-1999
«O Jésus, quand je pense à toi»
Avril 1993


«O Jésus, quand je pense à toi»

Puissions-nous tous faire davantage pour respecter et vénérer son saint nom et encourager avec gentillesse et courtoisie les autres à faire de même.

Aujourd’hui est ce que la chrétienté appelle traditionnellement le dimanche des Rameaux. C’est l’anniversaire de l’événement capital qui s’est produit il y a près de deux mille ans au cours duquel Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu, a commencé l’ultime proclamation de sa divinité et est entré dans la ville sainte de Jérusalem en sa qualité de Messie promis.

Monté sur un ânon en accomplissement de l’ancienne prophétie de Zacharie (voir Zacharie 9:9), il s’approcha du temple par un chemin bordé par une foule en liesse qui y étendait des feuilles de palmiers, des branches en fleurs, et des vêtements, déroulant ainsi un tapis sur son passage comme il convient pour un roi. Il était son roi; elle était ses sujets. Elle criait: «Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts» (Matthieu 21:9).

Bien entendu, ce chemin décoré avec tant d’amour allait bientôt mener à une chambre haute puis à Gethsémané. Après des arrêts à la maison d’Anne, au tribunal de Caïphe et au siège romain de Pilate, il mènerait bien entendu au Calvaire. Mais il ne s’arrêterait pas là. Il mènerait au jardin du sépulcre et à l’heure glorieuse de la résurrection que nous célébrons chaque année le dimanche de Pâques, dans une semaine.

Au printemps, magnifique saison de l’année, réveil annuel dans l’hémisphère nord, où le monde est renouvelé, se couvre de fleurs et reverdit et devient comme neuf, nos pensées se tournent d’instinct vers Jésus-Christ, le Sauveur du monde, le Rédempteur du genre humain, la source de la lumière, de la vie et de l’amour.

Ce matin, j’ai choisi pour message du dimanche des Rameaux et de la saison de Pâques d’examiner les paroles d’un cantique ancien et sacré attribuées à Bernard de Clairveaux et estimé à près de neuf cents ans. Avec le reste de la chrétienté, les membres de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours chantent avec respect:

«O Jésus, quand je pense à toi,

«la paix emplit mon cœur.

«Puissé-je vivre sous ta loi,

«Près de toi, mon Sauveur.»

Le dimanche des Rameaux et le dimanche suivant, jour de Pâques, notre esprit se remplit tout naturellement de belles pensées sur Jésus. En fait, Pâques, et éventuellement Noël, est peut-être le seul moment de toute l’année où certains de nos frères et sœurs du troupeau du Christ prennent le chemin de l’église. C’est admirable, mais nous nous demandons si ces pensées de Jésus qui remplissent notre cœur de paix, ne devraient pas être beaucoup plus fréquentes et beaucoup plus constantes à tout moment et en toute saison. Avec quelle fréquence pensons-nous au Sauveur? Avec quelle profondeur, quelle gratitude et quelle vénération réfléchissons-nous à sa vie? Savons-nous bien qu’il joue un rôle capital dans notre vie?

Par exemple, combien de temps dans une journée normale, dans une semaine de travail ou dans un mois fugace est consacré à penser à Jésus? Pour certains d’entre nous peut-être pas suffisamment.

Il est certain que la vie serait plus paisible, que les mariages et les familles seraient plus forts, que les quartiers et les pays seraient plus sûrs, plus bienveillants et plus constructifs si l’Evangile de Jésus-Christ pouvait emplir notre cœur de plus de paix.

Si nous ne prêtons pas davantage attention aux pensées qui animent notre cœur, je me demande quel espoir nous avons de mériter la grande joie, la douce récompense de vivre «sous [sa] loi, … près de [notre] Sauveur»?

Chaque jour de notre vie et à chaque saison de l’année (et pas seulement au moment de Pâques), Jésus demande à chacun de nous, comme il le fit après son entrée triomphale à Jérusalem, il y a tant d’années: «Que pensez-vous du Christ? De qui est-il le Fils?» (Matthieu 22:42).

Nous déclarons qu’il est le Fils de Dieu et la réalité de ce fait devrait émouvoir notre âme plus fréquemment. Je prie pour qu’il en soit ainsi en cette période de Pâques et toujours.

Nulle mémoire se souvient

de nom plus doux, plus beau

plus cher que n’est pour nous le tien,

ô Vainqueur du tombeau!

Nous témoignons comme les anciens prophètes et apôtres avant nous, que le nom du Christ est le seul nom donné sous les cieux par lequel l’homme, la femme ou l’enfant puissent être sauvés. C’est un nom béni, un nom gracieux, un nom sacré. Non, il ne peut y avoir «de nom plus doux, plus beau, plus cher».

Nous devons penser plus souvent au nom du Christ et l’employer avec plus de sagesse et à bon escient. Par ailleurs, il est tragique et nous sommes profondément peinés que le nom du Sauveur de l’humanité soit devenu l’un des jurons les plus communs et les plus utilisés.

En cette saison de Pâques où nous est rappelé tout ce que le Christ a fait pour nous, que nous dépendons de sa grâce rédemptrice et de sa résurrection, et combien son nom a le pouvoir singulier de chasser le mal et la mort et de sauver l’âme humaine, puissions-nous tous faire davantage pour respecter et vénérer son saint nom et encourager avec gentillesse et courtoisie les autres à faire de même. Avec ce magnifique cantique comme rappel, élevons l’emploi du nom de la divinité au niveau sacré qu’il mérite et qui a, en fait, été commandé.

A notre époque comme autrefois, le Christ a déclaré: «C’est pourquoi que tous les hommes prennent garde à la façon dont ils mettent mon nom sur leurs lèvres —

Souvenez-vous que ce qui vient d’en haut est sacré et doit être dit avec prudence et sous la contrainte de l’Esprit» (D&A 63:61, 64).

Nous aimons le nom de notre Rédempteur. Puissions-nous lui épargner d’être mal employé et lui donner la place élevée qui lui revient.

O toi, l’espoir du cœur contrit,

toi, l’ami du pécheur,

tu répands sur nous ton Esprit,

ton amour rédempteur.

Quelle belle strophe! Quel message d’espoir ancré dans l’Evangile du Christ! Y en a-t-il un seul parmi nous, à quelque milieu qu’il appartienne qui n’ait pas besoin d’espoir et qui ne recherche un plus grand ami? Ce sont là les besoins et les aspirations de tout être humain, et c’est ce que le Christ promet à ses disciples. L’espoir est offert au«cœur contrit», et Jésus est «l’ami du pécheur».

La contrition est coûteuse. Elle nous coûte notre orgueil et notre insensibilité, elle nous coûte surtout nos péchés. Car, comme le savait le père du roi Lamoni, il y a vingt siècles, c’est le prix de la véritable espérance. Il s’est exclamé: O Dieu, … fais-toi connaître à moi, et je délaisserai tous mes péchés pour te connaître, pour ressusciter des morts et pour être sauvé au dernier jour» (Alma 22:18). Quand nous serons, nous aussi, disposés à délaisser tous nos péchés pour le connaître et pour le suivre, nous serons, nous aussi, remplis de la joie de la vie éternelle.

Et qu’en est-il des humbles? Dans un monde trop préoccupé de gagner par intimidation et de chercher à être le numéro un, les gens ne se bousculent pas pour acheter des livres qui appellent à l’humilité. Mais les humbles hériteront la terre, une reprise d’entreprise assez impressionnante, et réalisée sans intimidation! Tôt ou tard, et nous prions pour que cela se fasse au plus tôt, chacun reconnaîtra que la voie du Christ est non seulement la bonne, mais finalement la seule voie qui mène à l’espoir et à son amitié. Tout genou fléchira et toute langue confessera que la douceur vaut mieux que la brutalité, que la bienveillance vaut mieux que la coercition, et qu’une parole douce détourne la colère. En fin de compte, et au plus tôt partout où cela est possible, nous devons devenir plus semblables à lui. «Toi l’ami du pécheur, tu répands sur nous ton Esprit.»

Pour terminer, je vais citer la fin de ce cantique:

Notre récompense est en toi,

en toi notre salut.

A jamais tu es notre Roi,

notre amour, ô Jésus!

C’est là ce matin ma prière personnelle et mon souhait pour le monde entier. Je témoigne que Jésus est l’unique source de joie durable, que notre seule paix durable est en lui. Je souhaite qu’il soit notre Roi maintenant, qu’il soit la gloire à laquelle chacun de nous aspire et la seule récompense à laquelle les hommes et les nations puissent être attachés de manière permanente. Il est notre récompense dans le temps et dans l’éternité. Toute autre récompense est vaine au bout du compte. Toute autre grandeur disparaît avec le temps et se dissout avec les éléments. A la fin, tout comme en cette semaine de Pâques, nous ne connaîtrons de véritable joie que dans le Christ.

En cette période sacrée de l’année, empreinte de la promesse du renouveau de la vie, puissions-nous être des disciples plus dévoués et plus fidèles du Christ. Puissions-nous le chérir dans nos pensées et prononcer son nom avec amour. Puissions-nous nous agenouiller devant lui avec humilité et miséricorde. Puissions-nous faire du bien aux autres et les servir afin qu’ils fassent de même.

Notre récompense est en toi,

en toi notre salut.

A jamais tu es notre Roi,

notre amour, ô Jésus.

Au nom de Jésus-Christ, amen. 9