2010-2019
Ma mère me l’a dit
Avril 2010


Ma mère me l’a dit

Sans doute la raison pour laquelle nous répondons si universellement à l’amour de notre mère est qu’il ressemble à l’amour de notre Sauveur.

Le Seigneur a confié aux parents l’importante responsabilité d’éduquer spirituellement leurs enfants. Quelquefois, c’est une mère ou un père seul qui doit assumer cette responsabilité. Ma propre mère était encore jeune lorsque mon père est décédé, la laissant seule avec quatre enfants. Mais elle a affronté l’adversité avec foi et courage, nous promettant que, si nous suivions fidèlement le chemin de la vérité, tout se terminerait mieux que cela avait commencé. Comme les enfants de mères courageuses dans le Livre de Mormon, nous ne doutions pas que notre mère le savait (voir Alma 56:48). Mes frères et sœurs, j’ai un témoignage personnel de la grande influence des mères.

Don Pearson, un ami cher, m’a raconté une expérience qui met cette influence en évidence. Un soir, son fils de quatre ans,Eric, lui a demandé de lui lire une histoire avant de dormir. Eric avait choisi son livre préféré : The Ballooning Adventures of Paddy Pork, l’histoire d’une famille qui vit dans les îles de la mer et qui voyage d’île en île en montgolfière. C’était un livre d’images, sans texte ; frère Pearson a donc inventé les paroles de l’histoire.

« Paddy est dans une montgolfière. Maintenant, il atterrit sur une île. Il lance une ligne par-dessus le flanc du ballon. »

Eric l’arrête. « Papa, c’est pas une ligne. C’est une corde. »

Frère Pearson regarde Eric, puis l’image du livre, puis il reprend : « Paddy sort du ballon et descend de l’arbre. Aïe ! Son manteau s’est accroché à une branche ! »

Eric l’arrête de nouveau. « Papa, c’est pas un manteau. C’est un blouson. »

Frère Pearson commence à être perplexe. Il lui dit : « Eric, il n’y a pas de texte dans ce livre, ce sont juste des images. Pourquoi veux-tu à tout prix que ce soit un blouson ? »

Eric répond : « Parce que maman me l’a dit. »

Son père referme le livre et lui demande : « Eric, à ton avis, qui a le dernier mot, qui est l’autorité suprême dans cette maison ? »

Cette fois, Eric réfléchit soigneusement avant de répondre : « C’est toi, papa. »

Frère Pearson lui fait un grand sourire. Quelle réponse exceptionnelle ! « Comment le sais-tu ? »

Eric répond sans hésiter : « C’est maman qui me l’a dit. »

Comme l’a dit James E. Faust : « Il n’est pas de plus grand bien dans le monde entier que la mère. Elle exerce sur ses enfants une influence incalculable » (« Pères, mères, mariage », Le Liahona, août 2004, p. 3).

Il semble bien que, de par la volonté divine, l’éducation des enfants fasse partie de l’héritage spirituel de la femme. Je l’ai constaté avec mes filles, et maintenant, je le vois avec mes petites-filles : avant même qu’elles sachent marcher, elles voulaient porter et pouponner leurs petites poupées.

Dans mon métier d’agriculteur et d’éleveur, j’ai été aux premières loges pour observer les manifestations de l’amour naturel des mères, même dans la nature. Au printemps, nous emmenons un troupeau de vaches et leurs veaux le long de la rivière Snake, en Idaho, pour le faire paître un mois ou deux au pied des collines. Puis, nous les rassemblons et nous les redescendons par un chemin qui mène jusqu’au corral. De là, nous les chargeons sur des camions qui les emmènent vers leur pâturage d’été au Montana.

Un jour de printemps particulièrement chaud, je participais au rassemblement, à cheval, à l’arrière du troupeau qui descendait le chemin poussiéreux qui mène au corral. Je devais rassembler les veaux qui s’éloignaient de la route. L’allure était lente et cela me donnait le temps de réfléchir.

Comme il faisait très chaud, les petits veaux n’arrêtaient pas de s’échapper vers les arbres pour y trouver de l’ombre. Mes pensées se sont tournées vers les jeunes de l’Église qui sont parfois attirés en dehors du sentier étroit et resserré. J’ai aussi pensé aux personnes qui ont quitté l’Église ou qui pensent peut-être que l’Église n’est plus dans leur cœur depuis qu’ils ont été attirés par quelque chose. J’ai pensé que ce qui nous écarte du chemin n’a pas besoin d’être mal pour être efficace : parfois, ce peut être simplement de l’ombre.

Après avoir passé plusieurs heures à rassembler les veaux égarés, le visage ruisselant de sueur et énervé, j’ai crié aux veaux : « Suivez donc vos mères ! Elles savent ce qu’elles font ! Elles ont déjà fait la route ! » Leurs mères savaient que, même si la route était brûlante et poussiéreuse, tout se terminerait mieux que cela avait commencé.

Dès que nous avons eu terminé de faire rentrer le troupeau au corral, nous avons remarqué que trois vaches arpentaient nerveusement le terrain près des barrières. Elles ne trouvaient pas leurs veaux et semblaient comprendre qu’ils étaient restés en arrière quelque part sur la route. L’un des vachers m’a demandé ce qu’il fallait faire. « Je pense que je sais où sont ces veaux, ai-je répondu. Il y a un bosquet à environ cinq cents mètres. Je suis sûr que nous les trouverons là. »

Effectivement, comme je le pensais, nous avons trouvé nos veaux égarés assoupis sous les arbres. Notre arrivée les a réveillés en sursaut et ils n’ont pas voulu se laisser rassembler. Ils étaient effrayés parce que nous n’étions pas leurs mères ! Plus nous essayions de les pousser en direction du corral, plus ils résistaient. Finalement, j’ai dit aux vachers : « Ça ne va pas. On ne s’y prend pas bien. Retournons au corral chercher leurs mères. Elles nous suivront pour retrouver leurs veaux et ils suivront leur mère. » J’avais raison. Les vaches savaient exactement où trouver leurs veaux et elles les ont guidés jusqu’au corral, comme je le pensais.

Mes frères et sœurs, dans un monde où nous avons tous reçu le libre arbitre, certains de nos êtres chers vont peut-être s’égarer pendant quelque temps. Mais nous ne pouvons jamais abandonner. Nous devons toujours retourner les chercher, nous ne devons jamais cesser d’essayer. Notre prophète, Thomas S. Monson, a lancé un appel pour que nous allions au secours de ceux de nos êtres chers qui sont peut-être égarés (voir, par exemple, « Restez à la place qui vous a été attribuée », Le Liahona, mai 2003, p. 54-57). Avec l’aide des dirigeants de la prêtrise, les parents doivent continuer à rechercher leurs enfants perdus en leur donnant l’assurance qu’il y aura toujours un « foyer », au sein de leur famille et de l’Église, qui attendra leur retour. Nous ne pouvons jamais savoir quand le changement de cœur se produira. Nous ne savons pas à quel moment une âme se lassera du monde. Lorsque cela se produit, il semble que nos enfants se tournent presque toujours en premier vers leur mère avec des sentiments semblables à ceux exprimés dans ce poème d’Elizabeth Akers Allen :

Reviens, reviens en arrière, ô marée des ans !

Je suis si las du labeur et des larmes…

Las du vide, de l’indignité et du mensonge,

Mère, ô mère, mon cœur a besoin de toi !…

Pendant les jours passés, mon cœur n’a jamais ressenti

D’amour comme celui d’une mère…

Il n’y a qu’une mère pour conjurer la souffrance

D’une âme affligée et d’un esprit lassé par le monde.

Qu’un sommeil apaisé ferme mes paupières lourdes ;

Berce-moi, mère, berce-moi jusqu’au sommeil !

(« Rock Me to Sleep »,The Family Library of Poetry and Song, dir. de publ. William Cullen Bryant, 1870, p. 190-191.)

Sans doute la raison pour laquelle nous répondons si universellement à l’amour de notre mère est qu’il ressemble à l’amour de notre Sauveur. Comme l’a dit Joseph F. Smith : « L’amour d’une vraie mère est plus proche de l’amour de Dieu que toute autre sorte d’amour » (« Love of Mother », Improvement Era, jan. 1910, p. 278).

Comme il l’a fait en toutes choses, le Sauveur a donné l’exemple parfait dans l’amour qu’il a manifesté à sa mère terrestre. Dans les derniers moments, les plus cruciaux de sa vie ici-bas, après l’angoisse de Gethsémané, le simulacre de procès, la couronne d’épines, la lourde croix sur laquelle il a été brutalement cloué, Jésus a regardé, du haut de la croix, sa mère, Marie, qui était venue pour être avec son fils. Son dernier acte d’amour avant sa mort a été de s’assurer que quelqu’un prendrait soin d, en disant à son disciple : « Voilà ta mère ! » Et dès ce moment, le disciple l’a prise chez lui. Comme les Écritures le disent, Jésus savait alors que « tout était déjà consommé » et, baissant la tête, il est mort (voir Jean 19:27-28, 30).

Aujourd’hui, je me tiens devant vous pour vous témoigner que Jésus-Christ est vraiment le Sauveur et le Rédempteur du monde. Cette Église est la sienne, l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Notre Père céleste veut que tous ses enfants reviennent auprès de lui. Je le sais sans aucun doute, grâce au témoignage du Saint-Esprit qui est dans mon cœur. Je ne l’ai pas toujours su ; lorsque j’étais plus jeune, j’ai dû me reposer sur le témoignage de mes parents. Ma mère m’a promis que, si je restais sur le chemin de la vérité, même lorsqu’il semblait brûlant et poussiéreux, même s’il y avait des occasions de s’égarer, tout se terminerait mieux que cela avait commencé. Je serai éternellement reconnaissant à ma mère de me l’avoir dit. Au nom de Jésus-Christ. Amen.