2010-2019
Le don divin de la reconnaissance
Octobre 2010


Le don divin de la reconnaissance

Un cœur reconnaissant s’obtient… en exprimant de la reconnaissance à notre Père céleste pour ses bénédictions et aux personnes qui nous entourent pour tout ce qu’elles nous apportent.

Cette session a été merveilleuse. Lorsque j’ai été appelé président de l’Église, j’ai dit : « Je vais m’attribuer une tâche. Je serai le consultant du Chœur du Tabernacle. » Je suis très fier de mon chœur !

Ma mère m’a dit une fois : « Tommy, je suis très fière de tout ce que tu as fait. Mais je veux te dire une chose. Tu aurais dû continuer le piano. »

Alors je me suis installé au piano et je lui ai joué un morceau : « Nous voici, nous voilà, à une fête d’anniversaire1. » Puis je l’ai embrassée sur le front et elle m’a serré dans ses bras.

Je pense à elle. Je pense à mon père. Je pense à toutes ces Autorités générales qui ont eu une influence sur moi, et à d’autres personnes, notamment les veuves que j’ai visitées, quatre-vingt-cinq en tout, avec un poulet à mettre au four, parfois un peu d’argent de poche.

J’ai rendu visite à l’une d’entre elles tard un soir. Il était minuit, j’ai été à la maison de retraite et la réceptionniste m’a dit : « Je suis sûre qu’elle dort mais elle m’a dit de la réveiller car, m’a-t-elle dit : ‘Je sais qu’il viendra.’ »

J’ai pris sa main. Elle a prononcé mon nom. Elle était tout à fait éveillée. Elle a baisé ma main et a dit : « Je savais que vous viendriez. » Comment aurais-je pu ne pas venir ?

La belle musique me touche ainsi.

Mes frères et sœurs bien-aimés, nous avons entendu des messages inspirés de vérité, d’espoir et d’amour. Nos pensées se sont tournées vers celui qui a expié nos péchés, qui nous a montré la manière de vivre et de prier et qui a démontré, par ses actes, les bénédictions du service, notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ.

Dans le livre de Luc, au chapitre dix-sept, nous lisons de Lui :

« Jésus, se rendant à Jérusalem, passait entre la Samarie et la Galilée.

« Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance,

« ils élevèrent la voix, et dirent : Jésus, maître, aie pitié de nous !

« Dès qu’il les eut vus, il leur dit : Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu’ils y allaient, il arriva qu’ils furent guéris.

« L’un d’eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.

« Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces. C’était un Samaritain.

« Jésus, prenant la parole, dit : Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-ils ?

« Ne s’est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ?

« Puis il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t’a guéri2. »

Grâce à l’intervention divine, les lépreux se virent épargner une mort lente et cruelle et bénéficièrent d’une prolongation de leur vie. La reconnaissance exprimée par l’un d’entre eux lui méritait la bénédiction du Maître, l’ingratitude montrée par les neuf autres, sa déception.

Mes frères et sœurs, nous souvenons-nous de remercier pour les bénédictions que nous recevons ? Lorsque nous remercions sincèrement, non seulement cela nous aide à prendre conscience de nos bénédictions mais cela ouvre aussi les portes des cieux et nous aide à ressentir l’amour de Dieu.

Mon ami bien-aimé, Gordon B. Hinckley, a dit : « Lorsque vous marchez avec gratitude, vous ne marchez pas avec arrogance, avec vanité et avec égoïsme ; vous marchez avec un esprit de reconnaissance qui vous va bien et qui vous apportera des bénédictions3. »

Dans le livre de Matthieu, dans la Bible, nous avons un autre récit de reconnaissance, cette fois-ci exprimée par le Sauveur. Alors qu’il voyageait dans le désert depuis trois jours, plus de quatre mille personnes le suivaient et voyageaient avec lui. Il fut ému de compassion pour elles parce qu’elles n’avaient peut-être pas mangé depuis trois jours entiers. Ses disciples lui demandèrent cependant : « Comment nous procurer dans ce lieu désert, assez de pains pour rassasier une si grande foule ? » Comme tant d’entre nous, les disciples ne voyaient que ce qui manquait.

« Jésus leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons.

« Alors [Jésus] fit asseoir la foule par terre,

« prit les sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent à la foule. »

Remarquez que le Sauveur a rendu grâces pour ce qu’ils avaient, et il s’en est suivi un miracle. « Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient4. »

Nous nous sommes tous, à un moment ou à un autre, concentrés sur ce qui nous manque plutôt que sur nos bénédictions. Le philosophe grec Épictète a dit : « Sage est l’homme qui ne pleure pas sur ce qu’il n’a pas mais se réjouit de ce qu’il a5. »

La reconnaissance est un principe divin. Le Seigneur a déclaré, dans une révélation donnée à Joseph Smith, le Prophète :

« Tu remercieras le Seigneur, ton Dieu, en toutes choses…

« Et il n’y a rien qui offense autant Dieu ou allume autant sa colère que ceux qui ne confessent pas sa main en toutes choses6. »

Dans le Livre de Mormon, il nous est dit de vivre « quotidiennement dans les actions de grâces pour les miséricordes et les nombreuses bénédictions [que Dieu nous] accorde7 ».

Quelle que soit notre situation, nous avons tous beaucoup de raisons d’être reconnaissants si nous prenons le temps de réfléchir à nos bénédictions.

Quelle époque merveilleuse pour être sur terre ! Il y a beaucoup de choses mauvaises dans le monde aujourd’hui mais il y en a beaucoup de justes et de bonnes. Des mariages réussissent, des parents aiment leurs enfants et se sacrifient pour eux, des amis se soucient de nous et nous aident, des enseignants instruisent. Notre vie est bénie d’innombrables manières.

Nous pouvons nous élever, et, par là même, élever les autres quand nous refusons de nous attarder dans la sphère des pensées négatives et que nous entretenons, dans notre cœur, une attitude reconnaissante. Si l’ingratitude fait partie des péchés graves, alors la reconnaissance a sa place parmi les vertus les plus nobles. Quelqu’un a dit que « la reconnaissance est non seulement la plus grande des vertus mais aussi la mère de toutes les autres8 ».

Comment pouvons-nous cultiver, dans notre cœur, une attitude reconnaissante ? Joseph F. Smith, sixième président de l’Église, a apporté une réponse. Il a dit : « L’homme reconnaissant voit dans le monde tant de raisons d’être reconnaissant et, pour lui, le bon l’emporte sur le mauvais. L’amour est plus fort que la jalousie et la lumière chasse les ténèbres de sa vie. » Il a ajouté : « L’orgueil détruit notre reconnaissance et installe l’égoïsme à sa place. Combien plus heureux sommes-nous en présence d’une âme reconnaissante et aimante, et comme nous ferions bien d’entretenir, par une vie de prière, une attitude reconnaissante envers Dieu et les hommes9 ! »

Ce que le président Smith nous dit là, c’est qu’une vie de prière est le secret pour posséder la reconnaissance.

Les biens matériels nous rendent-ils heureux et reconnaissants ? Peut-être momentanément. Cependant, les choses qui procurent une reconnaissance et un bonheur profonds et durables sont celles que l’argent ne peut acheter : notre famille, l’Évangile, de bons amis, notre santé, nos capacités, l’amour que nous recevons des gens qui nous entourent. Malheureusement, ce sont certaines des choses que nous nous permettons de considérer comme un dû.

L’auteur anglais Aldous Huxley écrit : « La plupart des êtres humains ont une capacité presque infinie de considérer les choses comme un dû10. »

Nous considérons souvent les personnes qui méritent le plus notre reconnaissance comme un dû. N’attendons pas qu’il soit trop tard pour exprimer notre reconnaissance. Parlant des êtres chers qu’il a perdus, un homme déclare ainsi ses regrets : « Je me souviens de ces jours heureux et souvent je voudrais pouvoir dire dans l’oreille des morts la reconnaissance qui leur était due dans la vie et qui leur a été si rarement exprimée11. »

La perte d’êtres chers est presque inévitablement accompagnée de regrets. Réduisons ces regrets autant qu’humainement possible en leur exprimant fréquemment notre amour et notre reconnaissance. Nous ne savons jamais si, bientôt, il ne sera pas trop tard.

Un cœur reconnaissant s’obtient donc en exprimant de la reconnaissance à notre Père céleste pour ses bénédictions et aux personnes qui nous entourent pour tout ce qu’elles nous apportent. Cela demande un effort conscient, au moins jusqu’à ce que nous ayons véritablement appris ce qu’est une attitude reconnaissante et que nous l’ayons cultivée. Souvent nous ressentons de la reconnaissance et nous avons l’intention de remercier mais nous oublions de le faire ou nous ne prenons pas le temps de le faire. Quelqu’un a dit que « ressentir de la reconnaissance et ne pas l’exprimer est comme emballer un cadeau et ne pas le donner12 ».

Lorsque nous rencontrons des problèmes et des difficultés, il nous est souvent difficile de nous concentrer sur nos bénédictions. Mais si nous creusons bien et cherchons bien, nous pourrons ressentir et voir tout ce que nous avons reçu.

Voici l’histoire d’une famille qui a pu trouver des bénédictions au milieu de graves difficultés. C’est un récit que j’ai lu il y a de nombreuses années et que j’ai gardé en raison du message qu’il transmet. Il a été écrit par Gordon Green et il est paru dans un magazine américain il y a plus de cinquante ans.

Gordon raconte son enfance dans une ferme du Canada où ses frères et sœurs et lui devaient se dépêcher de rentrer de l’école alors que les autres enfants jouaient au ballon et allaient nager. Mais leur père avait la capacité de les aider à comprendre que leur travail avait de la valeur. C’était particulièrement vrai après l’époque des moissons, quand la famille célébrait la fête de l’Action de grâce, car ce jour-là leur père leur faisait un grand don. Il faisait l’inventaire de tout ce qu’ils avaient.

Le matin, il les emmenait dans la cave contenant des tonneaux de pommes, des betteraves, des carottes enfouies dans du sable et des montagnes de pommes de terre, ainsi que des bocaux de petits pois, de maïs, de haricots verts, de confitures, de fraises et autres qui remplissaient leurs étagères. Il demandait aux enfants de tout compter avec soin. Puis ils allaient dans la grange et estimaient le nombre de tonnes de foin qu’il y avait et le nombre de tonneaux de céréales dans le grenier. Ils comptaient les vaches, les cochons, les poulets, les dindes et les oies. Leur père disait qu’il voulait voir où ils en étaient, mais ils savaient que ce qu’il voulait, en ce jour de fête, c’était leur montrer toutes les bénédictions de Dieu et sa satisfaction de leurs heures de travail. Ensuite, quand ils s’asseyaient pour le repas de fête que leur mère avait préparé, les bénédictions étaient quelque chose de bien tangible.

Mais Gordon indique que la fête de l’Action de grâce dont il se souvient avec le plus de reconnaissance est celle où il semblait ne rien y avoir dont ils puissent être reconnaissants.

L’année avait bien commencé : il leur restait du foin, beaucoup des semences, quatre portées de cochons, et leur père avait un peu d’argent de côté pour pouvoir acheter un jour une engrangeuse pour le foin, machine merveilleuse dont la plupart des fermiers rêvaient. C’était aussi l’année où l’électricité était arrivée dans leur ville, mais pas jusqu’à eux parce qu’ils ne pouvaient pas se le permettre.

Un soir, alors que la mère de Gordon faisait la grande lessive, son père est entré, a pris place devant la planche à laver et a demandé à sa femme de se reposer et de faire son tricot. Il a dit : « Tu passes plus de temps à faire la lessive qu’à dormir. Crois-tu que nous devrions faire venir l’électricité après tout ? Bien que ravie à l’idée, elle a versé une larme ou deux en pensant à l’engrangeuse qu’ils ne pourraient pas acheter.

Donc la ligne électrique est arrivée chez eux cette année-là. Ils ont acheté une machine à laver, pas très élaborée mais qui marchait toute la journée toute seule et des ampoules brillantes qui pendaient de chaque plafond. Il n’y avait plus de lampes à remplir d’huile, plus de mèches à couper, plus de verres de lampe à laver. Les lampes ont été remisées dans le grenier.

L’arrivée de l’électricité dans leur ferme a presque été la dernière bonne chose qui leur soit arrivée cette année-là. Alors que leurs cultures commençaient à sortir de terre, la pluie s’est mise à tomber. Quand elle a fini par s’arrêter, il ne restait plus une plante nulle part. Ils ont refait les semailles, mais de nouvelles pluies ont empêché les cultures de sortir de terre. Leurs pommes de terre ont pourri dans la boue. Ils ont vendu deux vaches, tous leurs cochons et d’autre bétail qu’ils pensaient garder, mais à faible prix parce que tout le monde a dû faire la même chose. Tout ce qu’ils ont récolté cette année-là a été un carré de navets qui avait survécu aux tempêtes.

Puis la fête de l’Action de grâce est arrivée. Leur mère a dit : « On ferait mieux de l’oublier cette année. Il ne nous reste même pas une oie. »

Mais le matin de la fête de l’Action de grâce, le père de Gordon est arrivé avec un lièvre et a demandé à sa femme de le préparer. Elle s’y est mise à contre-cœur, disant qu’il faudrait longtemps pour cuire cette vieille carne. Quand le plat a finalement été sur la table avec quelques navets qui avaient survécu, les enfants ont refusé de manger. La mère de Gordon s’est mise à pleurer ; alors son père a fait quelque chose d’étrange. Il est monté au grenier, a descendu une lampe à huile qu’il a mise sur la table et l’a allumée. Il a demandé aux enfants d’éteindre les lampes électriques. Quand il n’y a plus eu que la lampe, ils ont eu du mal à croire qu’il avait fait si sombre avant. Ils se sont demandé comment ils avaient réussi à voir quelque chose sans les lampes brillantes rendues possibles par l’électricité.

Ils ont béni le repas et tout le monde a mangé. Le repas terminé, ils étaient tous assis en silence. Gordon écrit :

« À l’humble lumière diffuse de la vieille lampe, nous pouvions à nouveau voir clairement…

« C’était un bon repas. Le lièvre avait goût de dinde et les navets étaient les plus doux que nous pouvions nous rappeler…

“…« Notre foyer, malgré tout ce qui manquait, nous semblait vraiment riche13. »

Mes frères et sœurs, exprimer de la reconnaissance est gentil et honorable, agir avec reconnaissance est généreux et noble, mais vivre avec de la reconnaissance constamment dans le cœur c’est toucher les cieux.

En terminant ce matin, je prie pour qu’en plus de notre reconnaissance pour tout le reste, nous puissions être le reflet de notre reconnaissance pour notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ. Son Évangile glorieux apporte la réponse aux plus grandes questions de la vie. D’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Où va notre esprit quand nous mourons ? Cet Évangile apporte la lumière de la vérité divine aux gens qui vivent dans l’obscurité.

Le Seigneur nous a appris à prier. Il nous a appris à vivre. Il nous a appris à mourir. Sa vie est un legs d’amour. Il a guéri les malades ; il a élevé les opprimés ; il a sauvé les pécheurs.

Pour finir, il est resté seul. Certains des apôtres ont douté ; l’un d’eux l’a trahi. Les soldats romains ont percé son côté. La foule en colère a réclamé sa vie. Mais depuis la colline du Golgotha résonnent ses paroles pleines de compassion : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font14. »

Qui était cet « Homme de douleur… habitué à la souffrance15 » ? « Qui est ce Roi de gloire16 ce Seigneur des seigneurs ? Il est notre Maître. Il est notre Sauveur. Il est le Fils de Dieu. Il est l’auteur de notre salut. Il a dit : « Suivez-moi17. » Il a enseigné : « Va, et toi, fais de même18. » Il a imploré : « Gardez mes commandements19. »

Suivons-le. Suivons son exemple. Obéissons à sa parole. Ce faisant, nous lui ferons le don divin de la reconnaissance.

Ma prière sincère et fervente est que nous puissions, chacun, être le reflet de la vertu merveilleuse qu’est la reconnaissance. Puisse-t-elle imprégner notre âme, maintenant et à jamais. Au nom sacré de Jésus-Christ, notre Sauveur. Amen.

Notes

  1. John Thompson, « Birthday Party », Teaching Little Fingers to Play, 1936, p. 8.

  2. Luc 17:11-19.

  3. Teachings of Gordon B. Hinckley, 1997, p. 250.

  4. Voir Matthieu 15:32-38 ; italiques ajoutés.

  5. The Discourses of Epictetus; with the Encheiridion and Fragments, traduction de George Long, 1888, p. 429.

  6. Doctrine et Alliances 59:7, 21.

  7. Alma 34:38.

  8. Cicero, dans A New Dictionary of Quotations on Historical Principles, sél. H. L. Mencken, 1942, p. 491.

  9. Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 5e éd., 1939, p. 263.

  10. Aldous Huxley, Themes and Variations, 1954, p. 66.

  11. William H. Davies, The Autobiography of a Super-Tramp, 1908, p. 4.

  12. William Arthur Ward, dans Allen Klein, comp., Change Your Life!, 2010, p. 15.

  13. Adaptation de H. Gordon Green, « The Thanksgiving I Don’t Forget », Reader’s Digest, novembre 1956, p. 69-71.

  14. Luc 23:34.

  15. Ésaïe 53:3

  16. Psaumes 24:8.

  17. Matthieu 4:19.

  18. Luc 10:37.

  19. Jean 14:15.