2010-2019
Soigné et bien organisé à la mode de Bristol : Être digne d’aller au temple – dans les bons et les mauvais moments
Octobre 2015


Soigné et bien organisé à la mode de Bristol : Être digne d’aller au temple – dans les bons et les mauvais moments

L’obéissance aux principes sacrés de l’Évangile nous permettra d’être dignes d’aller au temple, de trouver le bonheur dans cette vie et de rentrer dans notre foyer céleste.

Le prophète Léhi déclare : « S’il n’y a pas de justice, il n’y a pas de bonheur1. »

L’adversaire a réussi à implanter un grand mythe dans l’esprit de nombreuses personnes. Lui et ses émissaires déclarent que le véritable choix que nous avons est entre le bonheur et le plaisir maintenant dans cette vie et le bonheur dans une vie à venir (qui, selon l’adversaire, n’existe peut-être pas). Ce mythe est un faux choix, mais il est très attrayant2.

L’objectif noble et ultime du plan du bonheur de Dieu est d’unir les disciples justes et les familles qui ont contracté des alliances dans l’amour, l’harmonie et la paix dans cette vie3 et à leur faire atteindre la gloire céleste dans les éternités avec Dieu le Père, notre Créateur, et avec son Fils bien-aimé, Jésus-Christ, notre Sauveur4.

Lorsque j’étais jeune missionnaire dans les Îles Britanniques, mon premier secteur de travail était dans ce qui était alors le district de Bristol. Un des dirigeants locaux de l’Église a souligné que les missionnaires qui œuvraient dans cette région devaient être soignés et bien organisés « à la mode de Bristol ».

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Bateaux dans le port de Bristol

Au début, je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire. J’ai rapidement appris l’origine et la signification de l’expression nautique : « soigné et bien organisé à la mode de Bristol ». À une époque, Bristol était le deuxième port le plus actif du Royaume-Uni. Ses marées avaient un très grand marnage de treize mètres, le deuxième plus grand au monde. À marée basse, lorsque l’eau se retirait, les vieux bateaux touchaient le fond et se couchaient sur le côté, et, s’ils n’étaient pas bien construits, ils étaient endommagés. En outre, tout ce qui n’était pas soigneusement rangé ou attaché était balloté en tous sens et était abîmé ou endommagé5. Une fois que j’ai compris la signification de cette expression, il était évident que ce dirigeant nous disait qu’en tant que missionnaires, nous devions être droits, suivre les règles et être préparés aux situations difficiles.

Cette même exhortation s’applique à chacun de nous. Je dirais qu’être « soigné et bien organisé à la mode de Bristol » signifie être « digne d’aller au temple », dans les bons moments et dans les moments difficiles.

On peut prévoir assez bien les variations de la marée dans le chenal de Bristol et s’y préparer, mais les tempêtes et les tentations de la vie sont souvent imprévisibles. Mais nous sommes sûrs d’une chose : Elles viendront ! Afin de surmonter les difficultés et les tentations que chacun de nous affrontera inévitablement, il nous faudra une préparation juste et nous devrons utiliser les protections que Dieu nous a fournies. Nous devons décider d’être dignes d’aller au temple quoi qu’il nous arrive. Si nous sommes préparés, nous ne craindrons pas6.

Le bonheur dans cette vie et le bonheur dans la vie à venir sont reliés par la justice. Même dans l’intervalle de temps entre la mort et la résurrection, « les esprits de ceux qui sont justes sont reçus dans un état de bonheur, qui est appelé paradis, un état de repos, un état de paix7 ».

Au début de son ministère terrestre en Israël et plus tard parmi les Néphites, le Sauveur a parlé de la question du bonheur dans cette vie et dans l’éternité. Il a mis l’accent sur les ordonnances, mais il a aussi souligné l’importance d’avoir un comportement moral. Par exemple, les disciples seraient bénis s’ils avaient faim et soif de justice, étaient miséricordieux, avaient le cœur pur, procuraient la paix et suivaient d’autres principes moraux de base. Manifestement, comme message doctrinal fondateur, notre Seigneur Jésus-Christ a mis l’accent sur les attitudes et les comportements justes au quotidien. Non seulement ses enseignements remplaçaient et dépassaient les éléments de la loi de Moïse8, mais ils rejetaient aussi les philosophies fausses des hommes.

Pendant de nombreux siècles, l’Évangile de Jésus-Christ a inspiré des croyances et a établi des normes de conduite concernant ce qui est juste, désirable et moral, et qui engendre le bonheur, la félicité et la joie. Cependant, les principes et la moralité de base que le Sauveur a enseignés sont violemment attaqués dans le monde d’aujourd’hui. Le christianisme est attaqué. De nombreuses personnes croient que la moralité a simplement changé9.

Nous vivons en des temps difficiles. Il y a une tendance accrue à « [appeler] le mal bien, et le bien mal10 ». Un monde qui met l’accent sur l’autoglorification et la laïcité suscite une grande inquiétude. Un auteur connu, qui n’est pas membre de l’Église, l’a dit de cette manière : « Malheureusement, peu de choses m’indiquent que les gens sont en réalité plus heureux dans l’ère dans laquelle nous entrons, ou que leurs enfants se portent mieux, ou que la cause de la justice sociale est bien servie, ou que les chiffres du mariage en baisse et les arbres généalogiques qui rétrécissent […] ne promettent rien de plus qu’une grande solitude pour la plupart et une stagnation générale11. »

En tant que disciples du Sauveur, nous sommes censés planifier et nous préparer. Dans le plan du bonheur, le libre arbitre moral est un principe d’organisation central et nos choix ont de l’importance12. Le Sauveur a souligné cela tout au long de son ministère, notamment dans les paraboles des vierges folles et des talents13. Dans chacune, le Seigneur a loué la préparation et l’action et a condamné la temporisation et la paresse.

Je reconnais que, malgré le bonheur immense que procure le plan de Dieu, on peut parfois avoir l’impression qu’il est très éloigné ou déconnecté de notre situation actuelle. On peut avoir l’impression qu’il est hors d’atteinte de ses disciples en difficulté. De notre point de vue limité, les tentations et les distractions actuelles peuvent paraître séduisantes. D’un autre côté, les récompenses de résister aux tentations peuvent paraître éloignées et inaccessibles. Mais une véritable compréhension du plan du Père révèle que les récompenses de la justice sont accessibles dès maintenant. La méchanceté, telle qu’une conduite immorale, n’est jamais la réponse. Alma l’a clairement dit à son fils Corianton : « Voici, je te le dis, la méchanceté n’a jamais été le bonheur14. »

Notre doctrine est énoncée clairement par Amulek dans Alma 34:32 : « Voici, cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu ; oui, voici, le jour de cette vie est le jour où les hommes doivent accomplir leurs œuvres. »

Comment nous préparons-nous alors en des temps si difficiles ? Outre le fait d’être digne d’aller au temple, il y a de nombreux principes qui concourent à la justice. J’en soulignerai trois.

Premièrement : La maîtrise de soi et le comportement juste

Je crois que parfois notre Père céleste aimant doit nous regarder avec le même amusement que nous éprouvons lorsque nous regardons nos petits-enfants apprendre et grandir. Nous trébuchons et tombons tous tandis que nous acquerrons de l’expérience.

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L’expérience des guimauves

J’ai aimé le discours que le président Uchtdorf a donné en 201015 sur la fameuse expérience des guimauves entreprise à l’université de Stanford dans les années 1960. Vous vous souviendrez qu’on a donné une seule guimauve à des enfants de quatre ans. S’ils attendaient quinze à vingt minutes sans la manger, ils en recevraient une seconde. Des vidéos ont été produites montrant de nombreux enfants se contorsionner pour éviter de manger la guimauve. Certains n’ont pas réussi16.

L’année dernière, le professeur qui a initialement dirigé l’expérience, le Dr. Walter Mischel, a écrit un livre dans lequel il explique que l’étude a été réalisée en partie en raison de ses inquiétudes au sujet de la maîtrise de soi et de sa propre dépendance au tabac. Il était particulièrement inquiet après le rapport du directeur du service de santé publique des États-Unis en 1964 qui concluait que la cigarette provoquait le cancer des poumons17. Après des années d’étude, un de ses collègues a rapporté que « la maîtrise de soi est comme un muscle : plus on l’utilise, plus elle se renforce. En évitant la tentation une fois, on acquiert la capacité de résister à d’autres tentations à l’avenir18. »

Un principe de progression éternelle est que l’exercice de la maîtrise de soi et une vie juste renforcent notre capacité de résister à la tentation. C’est vrai dans les choses spirituelles et dans les choses temporelles.

Nos missionnaires en sont un excellent exemple. Ils acquièrent des vertus chrétiennes et mettent l’accent sur l’obéissance et la spiritualité. Ils sont censés suivre un emploi du temps rigoureux et passer leurs journées au service d’autrui. Ils ont une tenue vestimentaire classique et pudique au lieu de vêtements indécents et désinvoltes qui sont si répandus aujourd’hui. Leur comportement et leur apparence transmettent un message sérieux et vertueux19.

Environ 230 000 de nos jeunes sont en mission actuellement ou sont rentrés de leur mission au cours des cinq dernières années. Ils ont acquis une force spirituelle et une maîtrise de soi remarquables qui doivent être exercées continuellement, sinon ces qualités s’atrophieront tout comme des muscles qui ne sont pas utilisés. Chacun de nous doit adopter et illustrer une conduite et une apparence qui déclarent que nous sommes de vrais disciples du Christ. Ceux qui abandonnent une conduite juste ou une apparence saine et pudique s’exposent à des modes de vie qui n’apportent ni joie ni bonheur.

L’Évangile rétabli nous donne les indications du plan du bonheur et une motivation pour comprendre et exercer la maîtrise de soi et éviter la tentation. Il nous enseigne aussi à nous repentir en cas de violations plus graves.

Deuxièmement : Le respect du jour du sabbat augmentera la justice et sera une protection pour la famille

L’Église chrétienne primitive a déplacé l’observance du jour du sabbat du samedi au dimanche pour commémorer la résurrection du Seigneur. Les autres buts sacrés fondamentaux du Sabbat restent inchangés. Pour les Juifs et les Chrétiens, le sabbat symbolise les œuvres puissantes de Dieu20.

Ma femme et moi, ainsi que deux de mes collègues et leurs femmes, avons récemment participé à un sabbat juif en réponse à l’invitation d’un très bon ami, Robert Abrams, et de sa femme, Diane, dans leur maison à New York21. Cela a commencé au début du sabbat juif, un vendredi soir. Le but était d’honorer Dieu, le Créateur. Nous avons commencé par une bénédiction sur la famille et un cantique du sabbat22. Nous avons pris part au rituel du lavement des mains, à la bénédiction du pain, aux prières, au repas kasher, à la récitation d’Écritures et aux chants sur le sabbat dans un esprit de fête. Nous avons écouté les paroles en hébreux, en suivant avec des traductions anglaises. Les Écritures les plus touchantes, que nous avons lues dans l’Ancien Testament et qui nous sont aussi chères, provenaient d’Ésaïe qui déclare que le sabbat est un délice23 et d’Ézéchiel qui proclame que le sabbat sera entre le Seigneur et nous un signe auquel on connaîtra qu’il est l’Éternel, notre Dieu24.

Au cours de cette soirée merveilleuse prédominait un sentiment d’amour familial, de dévouement et de responsabilité vis-à-vis de Dieu. En repensant à cette rencontre, j’ai réfléchi aux persécutions extrêmes que les Juifs ont subies pendant des siècles. Manifestement, le respect du sabbat a été « une alliance perpétuelle », préservant et bénissant le peuple juif conformément à l’Écriture25. Il a aussi contribué à la vie et au bonheur familiaux extraordinaires qui sont manifestes dans la vie de nombreux Juifs26.

Pour les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le respect du jour du sabbat est une forme de justice qui bénira et fortifiera les familles, nous rapprochera de notre Créateur et augmentera notre bonheur. Le sabbat peut contribuer à nous séparer de ce qui est futile, inconvenant ou immoral. Il nous permet d’être dans le monde mais pas du monde.

Au cours des six derniers mois, il s’est produit un changement remarquable dans l’Église. Il s’est manifesté dans la réaction des membres à l’accent que la Première Présidence et le Collège des douze apôtres ont remis sur le sabbat, et à l’invitation du président Nelson de faire du sabbat un délice27. De nombreux membres comprennent que la véritable sanctification du jour du sabbat est un refuge contre les tempêtes de cette vie. C’est aussi le signe de notre dévotion à notre Père céleste et d’une compréhension accrue du caractère sacré de la réunion de Sainte-Cène. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous avons merveilleusement bien commencé. J’exhorte chacun à continuer à suivre ces conseils et à améliorer le culte du sabbat.

Troisièmement : Des protections divines nous sont offertes lorsque nous sommes justes

Dans le cadre du plan de Dieu, nous avons la bénédiction d’avoir le don du Saint-Esprit. Ce don est « le droit d’avoir la compagnie constante du Saint-Esprit, chaque fois que l’on est digne28 ». Ce membre de la Divinité remplit le rôle d’agent purificateur si l’Évangile a la première place dans notre vie. Il est aussi une voix d’avertissement contre le mal et une voix de protection contre le danger. Tandis que nous naviguons sur les mers de la vie, il est essentiel de suivre les murmures du Saint-Esprit. Il nous aidera à éviter les tentations et les dangers, il nous réconfortera et nous guidera dans les difficultés. « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité29. »

L’obéissance aux principes sacrés de l’Évangile nous permettra d’être dignes d’aller au temple, de trouver le bonheur dans cette vie et de rentrer dans notre foyer céleste.

Mes chers frères et sœurs, la vie n’est pas facile, et elle n’était pas censée l’être. C’est un temps pour être testé et éprouvé. Comme les vieux bateaux du port de Bristol, il y aura des moments où la marée sera basse et où nous aurons l’impression que tout ce qui nous maintient à flot dans ce monde disparaît. Nous pouvons toucher le fond et même basculer sur le côté. Au milieu de telles épreuves, je vous promets que, si vous vivez de manière à être digne d’aller au temple et le restez, tout ce qui compte réellement tiendra. Les douces bénédictions de la paix, du bonheur et de la joie, ainsi que les bénédictions de la vie éternelle et de la gloire céleste avec notre Père éternel et son Fils, Jésus-Christ, se réaliseront. J’en témoigne au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. 2 Néphi 2:13. Cette Écriture fait partie d’un parallélisme dans le Livre de Mormon. Il est intéressant de voir que de nombreux prophètes, dont les écrits et les sermons ont été inclus dans le Livre de Mormon, utilisaient cette figure de style pour souligner des principes doctrinaux importants. Voir, par exemple : 2 Néphi 9:25 (Jacob) ; 2 Néphi 11:7 (Néphi).

  2. Voir 2 Néphi 28.

  3. Voir 4 Néphi 1:15–17.

  4. Voir Doctrine et Alliances 59:23.

  5. Voir Wiktionary, « shipshape and Bristol fashion », wiktionary.org.

  6. Voir Doctrine et Alliances 38:30.

  7. Alma 40:12 ; italiques ajoutés.

  8. Voir Matthieu 5, résumé du chapitre.

  9. Voir Carl Cederstrom, « The Dangers of Happiness », New York Times, 19 juillet 2015, rubrique dominicale, p. 8.

  10. 2 Néphi 15:20.

  11. Ross Douthat, « Gay Conservatism and Straight Liberation », New York Times, 28 juin 2015, rubrique dominicale, p. 11.

  12. Voir 2 Néphi 2.

  13. Voir Matthieu 25:1–30.

  14. Alma 41:10.

  15. Voir Dieter Uchtdorf, « Persévérer avec patience » Le Liahona, mai 2010, p. 56.

  16. Voir Walter Mischel, The Marshmallow Test : Mastering Self-Control, 2014, p. 136–138 ; voir aussi Jacoba Urist, « What the Marshmallow Test Really Teaches about Self-Control », The Atlantic, septembre 2014, theatlantic.com.

  17. Voir Mischel, The Marshmallow Test, p. 136–138.

  18. Maria Konnikova, « The Struggles of a Psychologist Studying Self-Control », The New Yorker, newyorker.com, 9 octobre 2014, citation de Roy Baumeister, professeur de psychologie à l’université d’État de Floride, qui étudie la volonté et la maîtrise de soi.

  19. Voir Malia Wollan, « How to Proselytize », New York Times Magazine, 19 juillet 2015, p. 21. Elle cite Mario Dias, du centre de formation des missionnaires du Brésil.

  20. Voir Guide des Écritures, « Sabbat. »

  21. Von Keetch et sa femme, Bernice, et John Taylor et sa femme, Jan, se sont joints à ma femme et à moi pour passer un agréable jour du sabbat en compagnie de Robert Abrams et de sa femme, Diane, le 8 mai 2015. M. Abrams a rempli quatre mandats en tant que procureur général de l’État de New York et est un ami de l’Église depuis de nombreuses années. Il avait aussi invité deux de ses collègues juifs et leurs femmes.

  22. On a chanté le cantique du sabbat Shalom Aleichem (« La paix soit sur vous »).

  23. Voir Ésaïe 58:13–14.

  24. Voir Ézéchiel 20:20.

  25. Voir Exode 31:16–17.

  26. Voir Joe Lieberman, The Gift of Rest : Rediscovering the Beauty of the Sabbath, 2011. Le merveilleux livre du sénateur Lieberman décrit le sabbat juif et offre une vision inspirante.

  27. Voir Ésaïe 58:13–14. Voir aussi Russell M. Nelson, « Le sabbat est un délice », Le Liahona, mai 2015, p. 129–132.

  28. Guide des Écritures, « Saint-Esprit. »

  29. Galates 5:22.