Histoire de l’Église
‘Nous nous réjouissions de l’entendre parler’


« ‘Nous nous réjouissions de l’entendre parler’ », Révélations dans leur contexte, 2016

« Nous nous réjouissions de l’entendre parler », Révélations dans leur contexte

« Nous nous réjouissions de l’entendre parler »

Doctrine et Alliances 129, 130, 131

Image
William Clayton

William Clayton parcourut à pied les quinze derniers kilomètres jusqu’à Nauvoo. Le bateau que son convoi et lui avaient pris pour descendre le Mississippi et atteindre leur nouveau foyer avait accosté pour la nuit un peu avant d’arriver à Nauvoo. Mais après onze semaines et un voyage de huit mille kilomètres depuis sa ville natale de Penwortham en Angleterre, William ne pouvait plus attendre. Quelques amis et lui marchèrent péniblement dès l’aube de cette matinée d’hiver et arrivèrent le 24 novembre 1840, peu avant midi. Converti depuis trois ans, William avait témoigné de l’appel en tant que prophète de Joseph Smith dans son pays natal. Il avait maintenant hâte de le rencontrer en personne.

Il en eut rapidement l’occasion et relata ses premières impressions dans des lettres adressées à ses amis qu’il avait laissés en Angleterre. Il écrivit : « Hier soir, nous étions nombreux en compagnie de frère Joseph, [et] nous nous sommes réjouis de l’entendre parler des affaires du Royaume. » À une autre occasion, il écrivit : « Si j’étais venu d’Angleterre uniquement à dessein de converser avec lui pendant quelques jours, j’aurais estimé que cela en valait largement la peine1. »

William s’attaqua aux projets de gagner sa vie et de construire une maison pour lui et sa femme Ruth qui était enceinte de leur deuxième enfant au moment de leur arrivée. La première année fut cependant difficile pour les Clayton. Ils achetèrent des terres sur la rive ouest du Mississippi, en face de Nauvoo, où ils essayèrent de vivre de leur ferme. William avait été comptable dans une ville industrielle d’Angleterre et n’avait ni les compétences, ni la constitution physique d’un agriculteur. Ses efforts furent vite anéantis par une mauvaise récolte et une longue période de malaria.

En décembre 1841, perturbé par la tournure des événements, William suivit le conseil d’Heber C. Kimball, le missionnaire qui l’avait converti, et ramena sa famille de l’autre côté du fleuve, à Nauvoo. Willard Richards, qui avait été conseiller avec lui dans la présidence de la mission britannique, était alors secrétaire de Joseph Smith et avait besoin d’un assistant en qui il pouvait avoir confiance. Heber vint rapidement voir William et lui demanda de se présenter au bureau de Joseph. Le 9 février 1842, William accepta de devenir secrétaire et copiste du prophète.

Secrétaire et copiste

Au cours des deux années et demie qui suivirent, William eut une vue plus intime sur la vie personnelle et publique de Joseph Smith que presque n’importe qui d’autre. Il était avec lui quasiment tous les jours et était activement impliqué dans ses affaires commerciales, politiques et religieuses. Leur amitié donna à William une chance unique d’évaluer de près la personnalité de Joseph, y compris ses défauts. Il savait aussi bien que n’importe qui, que Joseph n’était qu’un homme, mais pour William, ses défauts étaient sans importance comparés aux enseignements édifiants que le Seigneur transmettait par l’intermédiaire de son prophète. Du fait de leur collaboration à Nauvoo, William devint un défenseur acharné de Joseph tout au long de sa vie.

Dans le cadre de son travail de secrétaire, il enregistra les révélations, les enseignements et les sermons les plus importants que Joseph donna au cours des deux années mouvementées de la fin de sa vie. Il enregistra ses instructions sur les baptêmes pour les morts et la révélation relative au mariage éternel et plural, lesquelles furent plus tard incluses dans les Écritures des saints des derniers jours. Il fut également l’un des copistes qui conserva une version du sermon le plus connu de Joseph, le discours de King Follett. Il estimait ces enseignements au plus haut point et percevait l’importance de les préserver.

De son côté, Joseph ressentait l’urgence grandissante de transmettre de la connaissance spirituelle aux saints. Pendant le temps qu’il passa à Nauvoo, il fit plusieurs sermons publics puissants et communiqua des ordonnances et des enseignements tout aussi puissants dans le cadre de conseils privés avec ses amis de confiance. Joseph ne transmit pas ces enseignements sous forme de révélations officielles comme il l’avait souvent fait plus tôt dans son ministère, mais William était suspendu à ses lèvres. Il rapportait les propos du prophète dans son journal personnel ou dans le journal qu’il tenait pour Joseph, et plusieurs sections des Doctrine et Alliances furent plus tard fondées sur ces extraits.

Enseignements précieux

William était présent lorsque Joseph Smith rencontra Parley P. Pratt le 9 février 1843 et lui fit savoir comment distinguer les messagers célestes de Satan et ses anges. Ces instructions étaient en rapport avec des enseignements du temple que Joseph avait communiqués au cercle de ses collaborateurs de confiance pendant que Parley était en Angleterre. William enregistra les instructions dans le journal de Joseph et elles furent plus tard canonisées dans Doctrine et Alliances 1292.

Le 2 avril 1843, Joseph se rendit à une conférence de pieu à Ramus (Illinois, États-Unis), à trente-deux kilomètres à l’est de Nauvoo. Un dirigeant religieux américain nommé William Miller avait prédit que la seconde venue de Jésus-Christ aurait lieu le lendemain. Joseph saisit cette occasion pour assurer aux saints de Ramus que le Seigneur n’avait pas révélé le moment de sa venue. Il enseigna également que Dieu était un personnage incarné, que le passé, le présent et l’avenir sont présents devant lui, et que nos rapports sociaux perdureront dans les éternités. L’enregistrement de ces joyaux dans le journal personnel de William devint la base du contenu de Doctrine et Alliances 1303.

La section 131 des Doctrines et Alliances se compose en grande partie de plusieurs extraits succincts du journal que William tenait pendant le mois de mai 18434. Parmi eux se trouvaient des enseignements relatifs au mariage éternel, donnés chez Benjamin et Melissa Johnson le 16 mai, à Ramus. Les Johnson étaient mariés depuis le jour de Noël 1841, mais Joseph leur dit qu’il avait l’intention de les marier selon la loi du Seigneur. Benjamin répondit en plaisantant qu’il ne se remarierait pas avec Melissa à moins qu’elle lui fasse la cour. Mais Joseph était sincère. Il enseigna que les hommes et les femmes devaient entrer dans la nouvelle alliance éternelle du mariage pour pouvoir obtenir les bénédictions les plus élevées de Dieu. Il scella ensuite Benjamin et Melissa pour l’éternité5.

Pour William l’enregistrement de ces paroles prophétiques était plus qu’un devoir, c’était l’un des grands honneurs de sa vie. Il était ravi de la manière dont Joseph abattait la distance entre ce monde et le suivant et donnait corps aux choses de l’éternité. Lorsque les saints de Nauvoo écoutaient Joseph, les nombreuses épreuves qu’ils affrontaient (la mort, la maladie, la pauvreté, la faim) étaient englouties dans l’attente d’un avenir millénaire et dans la promesse que les liens familiaux et amicaux dureraient au-delà de cette vie. Le plaisir que la rédaction des paroles de Joseph Smith procura à William Clayton eut une influence durable sur les enseignements de l’Église et continue d’être un bienfait pour les saints des derniers jours aujourd’hui.

  1. Lettres de William Clayton citées dans James B. Allen, No Toil nor Labor Fear: The Story of William Clayton, Provo, Utah: Brigham Young University Press, 2002, p. 61, 63. Ce livre est le meilleur traité de la vie de William Clayton en général et de son amitié avec Joseph Smith. L’analyse d’Allen de la perception qu’avait Clayton de Joseph Smith est le fondement de cet article.

  2. Voir « Journal, December 1842-June 1844; Book 1, 21 December 1842-10 March 1843 », p. 172-176, josephsmithpapers.org.

  3. Voir « William Clayton, Journal Excerpt, 1-4 April 1843 », josephsmithpapers.org.

  4. Plusieurs extraits de ces journaux sont reproduits dans Allen No Toil nor Labor Fear, p. 393-396.

  5. Voir Benjamin F. Johnson, My Life’s Review, Independence, Missouri: Zion’s Printing and Publishing, 1947, p. 96-97. Pour en savoir davantage au sujet du contexte de Doctrine et Alliances 131, voir Steven C. Harper, Making Sense of the Doctrine and Covenants: A Guided Tour through Modern Revelations, Salt Lake City: Deseret Book, 2008, p. 477-479.