Éther 1-5

Alors que le peuple de Limhi était en servitude, le roi Limhi envoya quarante-trois hommes à la recherche du pays de Zarahemla (voir Mosiah 8:7 ; 21:25). Ce groupe de recherche ne parvint pas à trouver le pays de Zarahemla. En revanche, il découvrit un pays couvert d’ossements et de ruines, pays d’un peuple qui avait été détruit (voir Mosiah 8:8). Les chercheurs découvrirent vingt-quatre plaques d’or contenant des annales qu’ils rapportèrent au roi Limhi (voir Mosiah 8:9-10). Quand le peuple de Limhi fut finalement délivré de la servitude (voir Mosiah 22), ces plaques furent remises au roi Mosiah pour qu’il les traduise (voir Mosiah 28:1-17).

Il convient de souligner que le livre d’Éther nous apprend qu’un récit concernant la création, Adam et l’histoire des enfants des hommes jusqu’au temps de la tour de Babel existait bien avant l’époque de Moïse. Ce récit a peut-être été perdu à cause de l’apostasie et de la méchanceté, ce qui rendit nécessaire un rétablissement de cette connaissance par une révélation donnée à Moïse et grâce à laquelle nous avons ces annales aujourd’hui (voir Moïse 1:40).

Éther 1 donne une généalogie du prophète Éther. Cette généalogie est un cas rare dans le Livre de Mormon ; elle est expliquée par le commentaire suivant : « Les généalogies sont courantes dans la Bible. Le peuple hébreu s’intéressait beaucoup à son histoire familiale et les généalogies semblent avoir été tenues consciencieusement ; leur nombre dans les Écritures est un indice de leur importance. Remarquez celles qui se trouvent dans Genèse 5, 11, 46 ; Nombres 26 ; 1 Chroniques 1-9. Lisez aussi les récits dans Esdras 9-10 qui donnent une indication de l’importance de tenir à jour l’histoire familiale. Cependant le Livre de Mormon ne contient qu’un seul exemple de généalogie extensive, qui se trouve dans Éther 1:6-32. Il s’agit de la généalogie d’Éther, le dernier prophète du peuple jarédite, dont le lignage remonte à vingt-neuf générations ou plus jusqu’à Jared, qui avait quitté la tour de Babel avec sa famille au moment de la confusion de la langue du peuple. À part cet exemple, on ne trouve que des références d’intérêt généalogique éparses » (Sidney B. Sperry, « Types of Literature in the Book of Mormon », Journal of Book of Mormon Studies, vol. 21, n° 1, 1995, p. 117).

George Reynolds (1842-1909), alors membre des soixante-dix, a raconté ce qui suit, mentionnant le nom du frère de Jared (voir Éther 2:13) qui a été révélé à Joseph Smith (1805-1844), le prophète : « Alors qu’il résidait à Kirtland, Reynolds Cahoon a eu un fils. Un jour que Joseph Smith passait devant chez lui, il l’a invité à entrer et lui a demandé de bénir le bébé et de lui donner un nom. Joseph l’a fait et a donné à l’enfant le nom de Mahonri Moriancumer. À la fin de la bénédiction, il a remis l’enfant sur le lit et, en se tournant vers frère Cahoon, il a déclaré : ‘Le nom que j’ai donné à votre fils est celui du frère de Jared ; le Seigneur vient juste de me le montrer [ou de me le révéler]’. William F. Cahoon… a entendu le prophète faire cette déclaration à son père, et c’est la première fois que le nom du frère de Jared a été connu dans l’Église dans cette dispensation » (« The Jaredites », Juvenile Instructor, 1er mai 1892, p. 282).

Éther 1:34-38 raconte qu’à l’époque de la tour de Babel, le Seigneur n’a pas confondu la langue de la famille de Jared, de son frère et de leurs amis. Joseph Fielding Smith (1876-1972), ancien président de l’Église, a enseigné que les Jarédites parlaient probablement la langue d’Adam : « Il est dit dans le livre d’Éther que Jared et son frère demandèrent au Seigneur de ne pas changer leur langue au moment de la confusion de la tour de Babel. Leur demande reçut une réponse favorable et ils continuèrent d’utiliser la langue de leurs pères, la langue adamique, qui était puissante, même sous sa forme écrite, de sorte que les choses que Mahonri écrivit « étaient puissantes… au point d’obliger l’homme à les lire ». Tel était le genre de langue que possédait Adam et telle était la langue qui permit à Énoch d’accomplir sa grande œuvre » (Le Chemin de la Perfection 1970, p. 66).

Les membres de la maison d’Israël portent le nom de peuple élu – élu pour faire l’œuvre du Seigneur. Le Livre de Mormon parle des Amériques comme d’un pays élu – élu pour être le lieu du rétablissement de l’Évangile et, finalement, de la nouvelle Jérusalem. Les membres de la maison d’Israël et les Amériques ont été élus pour aider notre Père céleste à répandre l’Évangile dans le monde entier.

Joseph Fielding Smith, ancien président de l’Église, a expliqué que toute l’Amérique, du Nord et du Sud, est un pays élu : « Le Livre de Mormon nous apprend que l’Amérique tout entière, du Nord et du Sud, est un pays préférable à tous les autres pays, en d’autres termes : Sion. Le Seigneur dit aux Jarédites qu’il les conduirait dans un pays ‘qui est préférable à tous les pays de la terre’ (Éther 1:42) » (Doctrines du salut, compilé par Bruce R. McConkie, 3 vol. 1954-1956, vol. 3, p. 73).

Ezra Taft Benson (1899-1994), ancien président de l’Église, a aussi parlé des Amériques comme de pays élus : « En 1844, Joseph Smith, le prophète, a fait cette déclaration solennelle : ‘L’Amérique entière est Sion elle-même, du nord au sud’ (Enseignements du prophète Joseph Smith, p. 294). Le Sauveur lui-même a dit : ‘C’est un pays qui est préférable à tous les autres pays’ (Éther 2:10). Cette nation fait partie du pays de Sion. C’est un pays consacré par les serviteurs de Dieu. Un prophète du Livre de Mormon a parlé des nations du monde en qualifiant cet hémisphère de ‘bon’ (Jacob 5:25-26) » (The Teachings of Ezra Taft Benson 1988, p. 123).

Le Seigneur expliqua au frère de Jared que son peuple avait reçu des bénédictions grâce à des prières offertes pendant longtemps. L’obéissance constante accompagnée de prières fréquentes et persistantes est quelque chose de puissant. Dans un discours donné en 1839 à Commerce (Illinois, États-Unis), Joseph Smith, le prophète, a enseigné : « Dieu ne fait point acception de personnes ; nous avons tous le même privilège. Allez à Dieu, lassez-le jusqu’à ce qu’il vous bénisse ; nous avons droit aux mêmes bénédictions » ([consigné dans Willard Richards Pocket Companion, p. 78-79], cité dans The Words of Joseph Smith : The Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph, compilé par Andrew F. Ehat et Lyndon W. Cook 1980, p. 15).

Spencer W. Kimball (1895-1985), ancien président de l’Église, a aussi enseigné que nous devons faire beaucoup d’efforts dans nos prières et que nous devons prier fréquemment :

« Avez-vous reçu des réponses à vos prières ? Si ce n’est pas le cas, peut-être n’en avez-vous pas payé le prix. Utilisez-vous des mots banals et des phrases usées, ou parlez-vous intimement avec le Seigneur ? Priez-vous de temps en temps, alors que vous devriez prier régulièrement, souvent, constamment ? Offrez-vous des centimes pour payer de lourdes dettes alors que vous devriez donner des euros pour effacer cette obligation ?

« Quand vous priez, ne faites-vous que parler ou écoutez-vous aussi ? Le Sauveur a dit : ‘Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi.’ (Apocalypse 3:20).

« … Si nous n’obtenons pas de réponse à nos prières, nous devons en chercher la raison dans notre vie » (« Prayer », New Era, mars 1978, p. 17).

Éther 2:8-11 parle de ce que Moroni appelle « le décret éternel de Dieu » (verset 10) en rapport avec cette terre de promission. Mentionné deux ou trois fois, ce décret stipule que « toute nation qui possédera [ce pays] servira Dieu, ou sera balayée » (verset 9).

Gordon B. Hinckley (1910-2008), ancien président de l’Église, a enseigné que l’obéissance est essentielle pour que la terre de promission conserve ses bénédictions promises : « Grandes sont les promesses relatives à l’Amérique. Il nous est dit sans équivoque que ‘c’est un pays de choix, et [que] toute nation qui le possédera ne sera pas soumise à la servitude, ni à la captivité, ni à toutes autres nations sous le ciel, du moment qu’elle sert le Dieu du pays, qui est Jésus-Christ’ (Éther 2:12). C’est le point crucial de tout : l’obéissance aux commandements de Dieu » (Conference Report, octobre 2001, p. 89 ou Le Liahona, janvier 2002, p. 85).

Dans la révélation moderne, le Seigneur a dit : « Ceux que j’aime, je les châtie aussi afin que leurs péchés leur soient pardonnés, car avec le châtiment je prépare la voie pour qu’ils soient délivrés en tout de la tentation, et je vous ai aimés » (D&A 95:1). Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, a fait un commentaire sur la force de caractère qu’il faut pour supporter le châtiment : « Il est difficile d’imaginer à quoi pourrait ressembler trois heures de réprimande par le Seigneur, mais le frère de Jared les a supportées. Avec le repentir immédiat et en s’aidant de la prière, ce prophète a demandé conseil pour le voyage qu’ils étaient chargés de faire et pour ceux qui devaient y participer. Dieu a accepté son repentir et, avec amour, lui a donné des instructions supplémentaires pour leur mission cruciale » (Christ and the New Covenant 1997, p. 15).

Neal A. Maxwell (1926-2004), du Collège des douze apôtres, a expliqué que Dieu aime ceux qu’il châtie : « Le Seigneur est bien là pour châtier ceux qu’il aime, même les plus avancés spirituellement. Le frère de Jared avait omis de prier depuis trop longtemps (voir Éther 2:14). Même les justes peuvent tomber dans la négligence si le Seigneur n’est pas là pour les châtier. Plus tard, après cette réprimande, le frère de Jared vit le Christ ! (voir Éther 3:13-16) » (Conference Report, octobre 1987, p. 37 ; ou L’Étoile, janvier 1988, p. 28).

Robert D. Hales, du Collège des douze apôtres, a comparé l’expérience du frère de Jared avec nos propres expériences :

« Ces bateaux n’étaient pas éclairés. Cela inquiétait le frère de Jared. Il ne voulait pas que sa famille fasse le voyage dans l’obscurité et, plutôt que d’attendre d’en recevoir le commandement, il exprima son inquiétude au Seigneur. ‘Et le Seigneur dit au frère de Jared : Que veux-tu que je fasse pour que vous ayez de la lumière dans vos bateaux ?’ (Éther 2:23).

« La réponse du frère de Jared à cette question requérait un effort diligent de sa part : il grimpa sur le mont Shélem ‘et fondit d’un rocher seize petites pierres’ (Éther 3:1). Il demanda ensuite au Seigneur de toucher ces pierres afin qu’elles donnent de la lumière.

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Le frère de Jared voit Jéhovah touchant douze pierres

Robert Barrett, © 1986 IRI

« Nous, parents et dirigeants, devons nous rappeler qu’’il n’est pas bon que [le Seigneur] commande en toutes choses’ (D&A 58:26). Comme le frère de Jared, nous devons considérer avec soin les besoins de notre famille, faire des projets pour répondre à ces besoins puis exposer nos plans au Seigneur, en prière. Cela exigera de nous de la foi et des efforts, mais le Seigneur nous aidera si nous lui demandons son aide et faisons sa volonté » (Conference Report, avril 2003, p. 15 ; ou Le Liahona, mai 2003, p. 16).

Le Seigneur veut que nous progressions et apprenions en prenant nos propres décisions. Il veut aussi que nous lui présentions fréquemment nos conclusions pour qu’il les confirme. Quand le frère de Jared s’est adressé au Seigneur au sujet de la lumière dans les vaisseaux, le Seigneur a répondu par une question : « Que veux-tu que je fasse pour que vous ayez de la lumière dans vos bateaux ? » (Éther 2:23). Selon Harold B. Lee (1899-1973), la question du Seigneur revenait à dire :

« ’Bien, as-tu une idée ? Que suggères-tu que nous fassions pour avoir de la lumière ?’…

« Puis le Seigneur partit et le laissa seul. C’était comme si le Seigneur lui disait : ‘Je t’ai donné un esprit pour réfléchir, et je t’ai donné ton libre arbitre pour l’utiliser. Tu vas faire tout ce que tu peux pour résoudre toi-même ce problème, et ensuite, lorsque tu auras fait tout ce que tu peux, j’interviendrai pour t’aider.’ »

Après avoir envisagé les possibilités, le frère de Jared démontra sa grande foi en demandant au Seigneur de toucher seize pierres et de fournir de la lumière. Le Seigneur répondit à sa requête et non seulement fournit de la lumière pour les bateaux, mais accorda aussi à cet homme fidèle une vision incomparable.

Le président Lee conclut : « C’est le principe en action. Si vous voulez être béni, ne vous contentez pas de vous agenouiller et de le demander en priant. Préparez-vous de toutes les manières imaginables afin de vous rendre digne de recevoir la bénédiction que vous demandez » (Stand Ye in Holy Places 1974, p. 243-244).

On a souvent dit qu’il faut prier comme si tout dépendait du Seigneur et travailler comme si tout dépendait de nous. Russell M. Nelson, du Collège des douze apôtres, a dit qu’il a souvent entendu le président Hinckley déclarer : « Je ne sais pas comment je peux réaliser quelque chose autrement qu’en me mettant à genoux et en suppliant pour avoir de l’aide, puis en me relevant pour me mettre au travail » (Conference Report, octobre 1997, p. 18 ; ou L’Étoile, janvier 1998, p. 18).

Bruce R. McConkie (1915-1985), du Collège des douze apôtres, a expliqué que le Seigneur requiert de nous que nous utilisions notre libre arbitre tandis que nous recherchons son aide. En ce qui concerne l’expérience du frère de Jared, frère McConkie a dit : « Le Seigneur lui dit un certain nombre de choses à ce sujet puis il ajouta ceci : ‘Que veux-tu que je fasse pour que vous ayez de la lumière dans vos bateaux ?’ (Éther 2:23). Il disait en fait : ‘Pourquoi me demandes-tu cela ? C’est quelque chose que tu aurais dû résoudre’. Il lui parla encore un peu et répéta en gros la question : ‘Que veux-tu que je te prépare pour que tu aies de la lumière quand tu seras englouti dans les profondeurs de la mer ?’ (Éther 2:25). En d’autres termes : ‘Moriancumer, c’est ton problème. Pourquoi me déranges-tu ? Je t’ai donné ton libre arbitre ; tu es doté de capacité. Va résoudre toi-même le problème’ » (« Libre arbitre ou inspiration ? » L’Étoile, mai 1978, p. 20).

Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, a parlé de la foi enfantine et simple qu’a montrée le frère de Jared quand il a dit : « Voici, ô Seigneur, tu peux le faire » (Éther 3:5) : « Sûrement que Dieu, aussi bien que le lecteur, ressent quelque chose de frappant dans l’innocence et la ferveur enfantines de la foi de cet homme. ‘Voici, ô Seigneur, tu peux le faire.’ Peut-être n’y a-t-il pas, dans les Écritures, de parole de foi plus puissante et plus simple prononcée par l’homme. C’est presque comme s’il encourageait Dieu, l’enhardissait et le rassurait. Pas ‘Voici, ô Seigneur, je suis sûr que tu peux le faire’. Pas ‘Voici, ô Seigneur, tu as fait de nombreuses choses plus grandes que cela’. Si incertain que soit le prophète à propos de sa propre capacité, il n’a aucune incertitude concernant le pouvoir de Dieu. Il n’y a ici qu’une déclaration simple, claire, hardie et assurée, sans aucun soupçon ou élément d’hésitation. C’est un encouragement pour celui qui n’en a nul besoin mais qui a sûrement été touché par cela. ‘Voici, ô Seigneur, tu peux le faire’ » (« Rending the Veil of Unbelief », Nurturing Faith through the Book of Mormon : The 24th Annual Sidney B. Sperry Symposium 1995, p. 12).

Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, a donné six explications possibles de la déclaration de Jésus qu’il ne s’était jamais montré à l’homme avant de se montrer au frère de Jared :

« Une possibilité est qu’il s’agit simplement d’un commentaire fait dans le contexte d’une seule dispensation et qu’à ce titre, il s’applique seulement au peuple de Jared et aux prophètes jarédites, c’est-à-dire que Jéhovah ne s’était jamais révélé auparavant à un de leurs voyants et révélateurs…

 « Une autre suggestion est que la référence à ‘l’homme’ est la clé de ce passage, indiquant que le Seigneur ne s’était jamais révélé à l’homme non sanctifié, incroyant, temporel, terrestre, naturel. L’implication est que seuls ceux qui se sont dépouillés de l’homme naturel [et sont] sanctifiés (comme Adam, Hénoc et maintenant le frère de Jared) ont droit à ce privilège (voir D&A 67:10-11).

« Certaines personnes pensent que le Seigneur voulait dire qu’il ne s’était jamais révélé auparavant à l’homme à ce degré-là ou dans une telle ampleur. Cette théorie suggère que les apparitions divines aux prophètes précédents n’avaient jamais été accompagnées de la même ‘plénitude’, que jamais auparavant le voile n’avait été levé pour donner une révélation aussi complète de la nature et de la personnalité du Christ.

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Le Seigneur se montre au frère de Jared

Robert Barrett, © 1986 IRI

« Une autre possibilité est qu’il s’agit de la première fois où Jéhovah est apparu et s’est présenté en tant que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, l’interprétation du passage étant : ‘Je ne me suis jamais montré [en tant que Jésus-Christ] à l’homme que j’ai créé.’ Cette possibilité est renforcée par une façon de lire le commentaire ultérieur de Moroni. ‘Comme il avait cette connaissance parfaite de Dieu, il ne pouvait être maintenu à l’extérieur du voile ; c’est pourquoi il vit Jésus’.

« Une autre interprétation de ce passage est que la foi du frère de Jared était si grande qu’il ne vit pas seulement le doigt et le corps d’esprit de Jésus prémortel (ce que probablement de nombreux autres prophètes avaient également vu) mais aussi certains aspects nettement plus révélateurs du corps de chair, de sang et d’os du Christ.

« Une dernière explication – la plus convaincante relativement à la foi du frère de Jared – est que le Christ disait au frère de Jared : ‘Je ne me suis jamais montré à l’homme que j’ai créé de cette manière, sans l’avoir voulu, et motivé uniquement par la foi de l’observateur.’ En règle générale, les prophètes sont invités dans la présence du Seigneur, autorisés à entrer en sa présence par lui et seulement avec son approbation. Le frère de Jared, en revanche, semble avoir forcé le passage à travers le voile, pas en tant qu’invité importun mais peut-être techniquement comme non invité. Jéhovah a déclaré : ‘Jamais homme n’est venu devant moi avec une foi aussi extrême que toi ; car s’il n’en était pas ainsi, tu n’aurais pas pu voir mon doigt… Jamais homme n’a cru en moi comme toi.’ Manifestement, le Seigneur lui-même a associé une foi sans précédent à une vision sans précédent. Si la vision elle-même n’était pas unique, alors c’est la foi et la manière dont la vision a été obtenue qui étaient sans pareilles. La seule manière dont la foi pouvait être si remarquable était sa capacité à amener le prophète, sans y être invité, là où d’autres n’avaient pu se rendre qu’invités par Dieu » (Christ and the New Covenant, p. 21-23).

Joseph Smith, le prophète, a utilisé les mêmes urim et thummim qui furent « donnés sur la montagne au frère de Jared, lorsqu’il parla au Seigneur face à face » (D&A 17:1). Joseph Fielding Smith, ancien président de l’Église, a écrit une courte histoire de l’urim et du thummim :

« Le roi Mosiah possédait ‘deux pierres qui étaient fixées aux deux montures d’un arc’, que les Néphites appelaient Interprètes, avec lesquelles il traduisit les annales jarédites (Mosiah 28:11-14) et qui furent transmises de génération en génération, dans le but d’interpréter les langues. Le livre ne nous dit pas comment Mosiah entra en possession de ces deux pierres ou urim et thummim ; il nous dit simplement que c’était un ‘don de Dieu’ (Mosiah 21:28). Mosiah avait ce don, ou urim et thummim, avant que le peuple de Limhi ne découvrît les annales d’Éther. Il se peut qu’il les ait reçus lorsque la ‘grande pierre’ couverte d’inscriptions lui fut apportée et qu’il l’interpréta par le ‘don et le pouvoir de Dieu’ (Omni 1:20-21). Il se peut qu’ils lui aient été donnés, à lui ou à un autre prophète avant son époque, tout comme le frère de Jared les reçut, du Seigneur.

« Il est clair, dans les enseignements du Livre de Mormon, que l’urim et le thummim, ou deux pierres, données au frère de Jared, étaient celles que possédait Mosiah. Il fut commandé au frère de Jared de sceller ces écrits de la vision qu’il avait eue lorsque le Christ lui apparut, pour que son peuple ne pût les lire… L’urim et le thummim furent également scellés pour qu’on ne pût les utiliser pour interpréter ces écrits sacrés relatant cette vision, jusqu’au moment où le Seigneur accorderait à l’homme la possibilité de les interpréter. Quand ils seraient révélés, ils seraient interprétés à l’aide des mêmes urim et thummim (Éther 3:21-28)…

« Joseph Smith reçut, avec le pectoral et les plaques du Livre de Mormon, l’urim et le thummim, que Moroni avait cachés pour qu’ils paraissent dans les derniers jours afin de permettre de traduire les annales anciennes, ces mêmes urim et thummim qui avaient été donnés au frère de Jared (D&A 17:1) » (Doctrine du salut, Vol. III, p. 200-202).

Moroni a écrit que le frère de Jared (Moriancumer) a vu dans sa vision tous les habitants de la terre du début jusqu’à la fin (voir Éther 3:25 ; voir aussi Éther 2:13). Cette vision révèle « tout depuis la fondation du monde jusqu’à la fin » (2 Néphi 27:10). Moroni a expliqué que « jamais rien de plus grand n’a été manifesté » que ce que le frère de Jared avait vu (Éther 4:4). Nous savons que Moroni a scellé une copie de cette vision avec les plaques qu’il a remises à Joseph Smith (voir Éther 4:5 ; 5:1). Moroni nous a de plus informés des conditions données par le Seigneur pour que cette partie scellée du livre soit manifestée. Les Écritures indiquent que nous devons nous repentir, faire preuve de foi au Seigneur, comme le frère de Jared, et devenir sanctifiés (voir Éther 4:6-7).

Moroni détenait « les clefs des annales du bois d’Éphraïm » (D&A 27:5). Dans Éther 5, Moroni s’est adressé au futur traducteur du Livre de Mormon, même si près de quatorze siècles devaient encore s’écouler avant que Joseph Smith, le prophète, ne lise ses paroles.

Éther 5:2 parle des personnes auxquelles « tu [Joseph Smith] auras le droit de montrer les plaques », à savoir les huit témoins. Les versets 3-4 parlent de « trois personnes » qui verraient les plaques « par le pouvoir de Dieu », ce qui précisément est une référence aux trois témoins du Livre de Mormon. Le verset 4 indique aussi que la parole « se dressera comme témoignage », révélant que le Livre de Mormon lui-même est un témoin. Ce même verset montre aussi que les membres de la Divinité sont des témoins du Livre de Mormon.

Éther 5:2-4 mentionne spécifiquement les trois témoins du Livre de Mormon. En juin 1829, Joseph Smith, le prophète, a reçu une révélation « selon laquelle trois témoins spéciaux seraient désignés. Voir Éther 5:2-4 ; voir aussi 2 Néphi 11:3 et 27:12. Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris furent animés du désir inspiré d’être ces trois témoins spéciaux » (D&A 17, en-tête de la section). Le témoignage des trois témoins se trouve dans les pages d’introduction du Livre de Mormon. Dallin H. Oaks, du Collège des douze apôtres, a déclaré à propos de ces trois témoins :

« Le témoignage écrit solennel de trois témoins à propos de ce qu’ils ont vu et entendu, deux d’entre eux simultanément et le troisième presque immédiatement après, mérite qu’on lui accorde beaucoup de crédit. En fait, nous savons que de grands miracles ont été revendiqués et acceptés par de nombreux croyants sur le témoignage d’une seule personne, et dans la société laïque, le témoignage d’une seule personne est considéré comme suffisant pour prononcer de lourdes sentences et infliger de lourdes peines.

« Les spécialistes en matière d’évaluation de témoignages tiennent généralement compte de l’occasion qu’a eue le témoin d’observer un événement et de la possibilité qu’il fasse preuve de parti pris. Lorsque différents témoins rendent un témoignage identique du même événement, les sceptiques recherchent des preuves de collusion entre eux, ou alors d’autres témoins qui puissent les contredire.

 « Face à toutes ces objections possibles, le témoignage des trois témoins du Livre de Mormon est en position de force. Chacun des trois témoins a eu d’excellentes raisons et de bonnes occasions de renier son témoignage, s’il avait été faux, ou de rester ambigu sur des détails si l’un d’eux avait été inexact. Il est de notoriété publique qu’en raison de désaccords ou de jalousies impliquant d’autres dirigeants de l’Église, chacun de ces trois témoins a été excommunié de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dans les huit années qui ont suivi la publication de leur témoignage. Ils suivirent tous trois des voies différentes, sans aucun intérêt commun qui puisse étayer une accusation de connivence. Pourtant, jusqu’à la fin de leur vie, soit de douze à cinquante ans après leur excommunication, aucun de ces témoins ne s’est écarté de son témoignage officiel ni n’a dit quoi que ce soit qui porte une ombre sur sa véracité.

« En outre, leur témoignage n’a été contredit par aucun autre témoin. On peut le rejeter, mais comment expliquer que trois hommes de bonne réputation s’unissent et persistent dans ce témoignage officiel jusqu’à la fin de leur vie, malgré les moqueries et d’autres désavantages personnels ? Comme pour le Livre de Mormon lui-même, il n’y a pas de meilleure explication que celle donnée dans le témoignage : la déclaration solennelle d’hommes bons et honnêtes qui ont raconté ce qu’ils ont vu…

« … Les témoins sont importants, et le témoignage des trois témoins du Livre de Mormon est impressionnant et digne de confiance » (Conference Report, avril 1999, p. 46-49 ; ou L’Étoile, juillet 1999, p. 41-42, 44).