2010
Il m’a répondu : « Jamais de la vie »
Juillet 2010


Il m’a répondu : « Jamais de la vie »

« Lorsque quelqu’un parmi vous boit du vin ou des boissons fortes, voici, ce n’est pas bien ni convenable aux yeux de votre Père » (D&A 89:5).

Je pensais que mon meilleur ami, Christophe, était capable de tout. Quand je l’ai mis au défi de sauter de la plus haute marche de ma véranda, non seulement il a sauté, mais il a même pris de l’élan !

Quand je l’ai mis au défi de monter sur les montagnes russes, non seulement il y est monté, mais il s’est même assis au premier rang !

Et quand je lui ai dit qu’il ne serait jamais capable de saluer Julia, la plus jolie fille de toute l’école, non seulement il l’a saluée, mais il s’est assis près d’elle et lui a parlé pendant cinq minutes !

Je pensais que Christophe était capable de tout. Jusqu’à aujourd’hui.

Christophe vient chez moi presque tous les jours. Nous vivons très près l’un de l’autre. Il n’y a qu’une maison entre nos deux maisons. Mais Christophe ne vient pas chez moi le dimanche ni le lundi. Le dimanche il va à l’église. Et le lundi lui et sa famille ont une sorte de soirée. Il m’a invité quelquefois. Nous avons mangé des brownies et fait des jeux. On s’est bien amusés.

D’habitude, Christophe vient jouer chez moi après l’école. J’aime bien quand il vient à la maison parce que Maman et Papa sont encore au travail. Je m’amuse bien avec lui. On adore inventer des blagues. Christophe est ami avec tout le monde. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un d’autre, même si tout le monde le fait.

Aujourd’hui Christophe et moi on a joué au basket. Il faisait très chaud alors je lui ai demandé s’il voulait boire quelque chose.

Il a répondu « Bien sûr », en faisant rouler la balle sur l’herbe et en courant vers ma véranda.

Nous sommes entrés dans la maison et nous sommes allés dans la cuisine. Quand j’ai ouvert le réfrigérateur, la bouffée d’air frais a fait dresser les poils de nos bras. En regardant dans le réfrigérateur, je n’ai d’abord vu que du jus et du lait. Puis une canette dans le coin a attiré mon regard.

Mon père avait laissé une canette de bière ouverte. Il ne le saurait jamais si nous en prenions quelques petites gorgées. J’ai sorti la canette.

J’ai demandé : « Tu veux essayer ? »

« Qu’est-ce que c’est ? » m’a t-il demandé.

Je lui ai répondu : « C’est de la bière. Mon père en boit tout le temps. Il ne le saura pas si on n’en prend qu’une petite gorgée. »

Christophe m’a regardé. Il a levé un sourcil et a posé les mains sur ses hanches. Puis il a dit quelque chose que je n’aurais jamais attendu de lui :

« Jamais de la vie ! » Il a répondu.

Alors, je lui ai demandé : « Tu viens de dire non ? »

Il m’a répondu : « La bière, ce n’est pas bon pour la santé. Il ne faut pas en boire. Ça fait faire des choses idiotes. »

Je lui ai dit : « Pas si on n’en prend qu’une seule petite gorgée ; regarde, je vais te montrer. »

J’ai porté la canette à ma bouche, j’ai pris une petite gorgée et j’ai souri. C’était dégoûtant mais je voulais faire le dur.

« Tu vois. Est-ce que je te parais plus stupide? »

Christophe m’a répondu : « Je crois que je vais rentrer chez moi. Arrête de boire ça. Ce n’est pas une bonne idée. »

En regardant Christophe sortir et rentrer chez lui en courant, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander pourquoi il était capable de faire tout, sauf de boire une petite gorgée de bière.

Après son départ, j’ai pris une autre petite gorgée. « Berk ! C‘est vraiment dégoûtant », me suis-je dit en reposant la canette dans le coin du refrigérateur.

Peut-être que Christophe avait raison après tout.

Illustration John Zamudio; Jésus-Christ, tableau de Harry Anderson, reproduit avec l’aimable autorisation du Musée d’Histoire de l’Église