2004
Et Agabus?
Septembre 2004


Et Agabus?

Quand j’étais missionnaire en Angleterre, un matin j’ai lu Actes 11:28, qui mentionne brièvement un prophète appelé Agabus qui a prophétisé une famine qui s’est finalement produite à l’époque de l’empereur Claude. Sur le moment je n’ai pas beaucoup prêté attention à ce verset apparemment insignifiant.

Deux jours plus tard, frère Gallafent, mon chef de district, a téléphoné pour dire qu’il voulait que nous fassions un échange de compagnon missionnaire le lendemain. Le lendemain matin, mon compagnon et moi avons pris l’autobus pour aller à Southampton où nous avons rencontré frère Gallafent et son compagnon, frère Langston. J’ai décidé de faire du porte-à-porte avec frère Langston, tandis que les deux autres missionnaires retournaient en voiture à Winchester.

Rien ne s’est passé ce matin-là jusqu’à ce que nous frappions à une porte juste avant le déjeuner. La femme qui a ouvert habitait la maison d’à côté et rendait visite à sa voisine. J’ai vite appris que la dame qui habitait là était dans la salle de séjour à portée de voix.

Quand j’ai dit que nous étions des missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, la dame dans la salle de séjour a crié qu’elle était d’une autre religion, qu’elle savait tout sur les « Mormons » et que cela ne l’intéressait pas d’en savoir davantage. Quand j’ai répondu que tout le monde devait être intéressé par un prophète actuellement sur la terre, elle a crié : « Ce n’est pas vrai ! Il n’y a pas de prophète sur terre ! Jésus-Christ a été le dernier prophète. »

Il s’est alors produit quelque chose d’étrange. Une question m’est venue à l’esprit : « Et Agabus ? »

J’ai immédiatement répondu bien fort : « Et Agabus ? » Il y a eu une pause assez longue. Puis la femme a répondu : « Qui est Agabus ? »

J’ai dit : « Un prophète qui a vécu après le Christ et qui a prophétisé une famine qui s’est produite. »

Elle m’a demandé : « Où avez-vous lu cela, dans votre Bible mormone ? »

« Non, » ai-je répondu, « dans le livre des Actes, chapitre 11, verset 28. »

« Montrez-moi », a dit la voix, sceptique. La voisine nous a laissés entrer ; frère Langston et moi avons longé un petit couloir jusque dans la salle de séjour où une femme d’une quarantaine d’années était assise sur un canapé.

J’ai trouvé l’Écriture et je lui ai tendu la Bible. Après l’avoir lue, elle n’a plus su quoi dire. Je lui ai parlé du prophète sur la terre à ce moment-là, David O. McKay (1873-1970). J’ai témoigné de Joseph Smith, le prophète. L’Esprit s’est manifesté avec tant de puissance que j’ai su qu’elle pouvait le ressentir.

Frère Langston et moi avons laissé deux exemplaires du Livre de Mormon, un pour cette femme et un pour sa voisine. En partant j’avais l’impression de flotter dans les airs. J’étais sûr qu’elle allait se faire baptiser. Sinon pourquoi me serais-je souvenu d’Agabus ?

Le dimanche suivant à l’église, je me suis précipité vers frère Gallafent et frère Langston en leur demandant : « Y êtes-vous retournés ? Que s’est-il passé ? Racontez-moi ! »

Ils m’ont dit qu’ils étaient allés chez elle pour donner la première leçon, mais qu’ils n’avaient pas été reçus. Elle avait rendu le Livre de Mormon que nous lui avions donné.

Je n’arrivais pas à y croire. Tout au long des réunions je me suis demandé pourquoi j’avais été tellement inspiré pour que cela se termine de cette manière. J’étais extrêmement découragé, mais j’ai essayé de ne plus y penser.

Le dimanche suivant, en entrant dans l’église, frère Langston a couru vers moi, souriant jusqu’aux oreilles.

Il m’a demandé : « Vous vous souvenez de cette femme à qui nous avions laissé un Livre de Mormon ? »

« Bien sûr », ai-je répondu.

Il m’a alors rappelé que nous avions laissé deux exemplaires du Livre de Mormon, un pour cette femme et un pour sa voisine. La voisine n’avait jamais emporté le sien. Alors, sans que la femme de cette maison ne le sache, sa fille avait commencé à lire cet autre exemplaire, et elle voulait en savoir davantage sur l’Église.

Finalement, cette femme a suivi les leçons missionnaires avec sa fille, et elles se sont fait baptiser toutes les deux.

En y repensant, plus de trente ans après, le souvenir de la question qui m’était venue à l’esprit, « Et Agabus ? » me rappelle une autre Écriture : « Le Consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14:26). Je suis reconnaissant d’avoir pu, lorsque j’étais missionnaire, avoir l’Esprit qui m’a rappelé l’importance d’Agabus. Le Saint-Esprit a véritablement été mon instructeur ce jour-là.

Eric Hendershot est membre de la première paroisse de Green Valley, pieu de Green Valley à Saint-George (Utah, États-Unis).